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Fumet de lectures

20 avril 2024

Dernier bateau pour l'Amérique de Karine Lambert

Un voyage métaphorique.
Karine, grand-mère gâteau, apprend la mort de sa mère, qu'elle n'a pas vue depuis 20 ans. Elle n'ira pas à l'enterrement mais va fouiller le passé de sa famille juive sur 4 générations et 3 continents. Elle s'inventera par l'écriture une mère de papier puisqu'elle n'a jamais rien su d'elle de son vivant.
Ainsi va t-elle mettre à nue une cicatrice invisible mais profonde : sa mère, Germaine, ne l'a jamais aimée.
Comment cette pianiste prodige a vécu sa jeunesse et sa vie d'épouse pour en arriver à ne pas pouvoir s'occuper, regarder, toucher son unique enfant ?
Karine Lambert dresse un bel échafaudage de 2 étages, sa vie présente et un passé familial derrière lequel se dissimulent des blessures, des humiliations et des ruptures. C'est long comme une traversée de l'Atlantique en bateau mais indispensable pour percer le mystère de Germaine dont les contours sont complexes.
La fin est déchirante et ratifie que "les liens du sang ne garantissent pas les affinités".
Palpitant.

16 avril 2024

Identité Nomade de J.M.G Le Clezio

« Mon histoire, c’est mon identité. Elle est faite de toutes les cultures et faite de tous les hommes ».

D’origine bretonne et mauricienne, le Prix Nobel se revendique de bien d’autres identités.  L’Afrique où il dit avoir connu « la vraie liberté », la rencontre avec les indiens à Panama ou encore celle avec sa femme Jémia, issue d’une famille sahraouie…  Et bien sûr la Littérature. C’est elle qui « permet le mieux de se comprendre ». L’écriture et la littérature sont les seuls pays qu'il revendique. Ce sont ses abris même « s’Il faut bouger pour apprendre ».

Construit en courts chapitres, ce récit nous envahit doucement par la simplicité du propos de l’auteur. Il est né d'une conférence donnée à Marrakech, d'où cette impression de confidences et d'oralité.

Le romancier parle aussi des auteurs qu'il aime, de son intérêt pour la littérature du continent africain. Des écrivains à découvrir pour élargir nos horizons de lecture.

Isabelle

10 avril 2024

L'équipe de choc de Fumet de lectures.

Je vous présente les 3 membres actifs de Fumet de lectures, qui, vous l'avez peut-être constaté, a fait peau neuve :

 

Elise,
 

Isabelle,
 

moi-même

A titre indicatif, sur Radio Campus Angers (103 FM), 
- Isabelle présente une chronique "cinéma" tous les mercredis à 18 h, dans l'émission "Le Sous-Marin",
- j'interviens parfois pour partager mes coups de coeur littéraires dans l'émission "Franche Culture",
- Quant à Elise, elle ne s'enferme pas dans un studio, elle marche, quotidiennement, au grand air.

Nous espérons continuer à vous donner envie de lire les romans que nous avons lus, aimés, adorés et achetés pour les prêter.

Au plaisir de vous lire,

mjo

9 avril 2024

Voyage au bout de l'enfance de Rachid Benzine

Demain, à 17 h, je parlerai de cet écrivain au micro de Radio campus Angers (103 FM), dans une émission qui s'intitule Franche Culture.

Un poète en herbe à Daech.

Rachid Benzine nous plonge dans une profonde réflexion avec les tourments du drame djihadiste. Dans ce roman, c'est à la hauteur d'un enfant de 7 ans que l'auteur raconte le cauchemar de la vie dans les camps de Daech.
Fabien est un petit garçon heureux à Sarcelles. Il aime le foot, la poésie et ses copains. Ses parents lui annoncent un jour qu'ils quittent la France pour rejoindre la terre promise en Syrie. Fabien devient Farid et l'enfant assiste aux rapides déconvenues de ses parents, alors que le paradis escompté s'avère un enfer. Pourtant en 2019, le califat de Daech tombe, mais leur sort reste tout aussi désespéré. On assiste à l'atrocité de leurs conditions de vie, la terreur et la violence des camps.

Ecrit dans un style limpide, sans aucun grumeau, alors que l'histoire prend l'eau dès les premières pages, ce conte est

bouleversant.

 

 

27 mars 2024

Qui a peur des vieilles ? de Marie Charrel

"Sois vieille et cache toi".
Vieille. Le mot lui-même est tabou et on parle de "femme mûre", de "senior" ou "d'ainée". Notre société a un problème avec les vieux en général et les vieilles en particulier.
Marie Charrel était ce soir à la médiathèque Nelson Mandela d'Angers 


 

 

 

pour nous présenter son essai très pointu et très documenté sur les vieilles, considérées après 50 ans comme "une commode Louis XVI au milieu d'un salon suédois". Elles dépareillent. Elle a interrogé des dizaines de femmes de tous les milieux et elle conclut, pour notre plus grand plaisir, que vieillir peut être aussi une "jouissance, celle de la montée en force intellectuelle et sociale". On peut fort heureusement "multiplier les ascensions dans la sphère culturelle" malgré les rides, la ménopause et les cheveux gris qui nous mettent à l'écart.
Sa conclusion est éblouissante :
"La beauté n'est pas dans la jeunesse : elle est dans la vivance, la capacité de sentir la vie vibrer en soi."
Réjouissant


 

A gch : Claire ISNARDON, bibliothécaire, responsable de la médiathèque Nelson Mandela, Angers.

14 mars 2024

La langue des choses cachées de Cécile Coulon

Cécile Coulon avec son visage d'ange nous embarque une fois de plus dans des contrées reculées et effrayantes.
C'est la première fois que "la mère", usée par les ans, envoie seul son fils au "Fonds du Puits" pour soigner un enfant atteint d'un mal mystérieux. Le prêtre et les villageois l'attendent... L'homme aux épaules rouges est là aussi. Le fils ressent ce qui ne se voit pas. Il devine la violence et les secrets endormis.
Cécile Coulon, dans un récit glaçant et mystérieux, nous entraine dans un conte noir qui fouille l'âme humaine d'une façon fulgurante. Son écriture poétique rythme ce roman qui navigue entre le Bien et le Mal. A lire !
Isabelle

10 mars 2024

Le fils du père de Victor del Arbol.

"Le mal en héritage".
Je rejoins Hubert Artus du magazine littéraire "Lire" qui illustre sa critique de 5 étoiles (aimé à la folie) pour ce roman sombre mais puissant.
Le narrateur, Diego, est en soins psychiatriques pour meurtre. Il écrit des notes et raconte l'histoire d'une famille où s'est logé le mal depuis plusieurs générations, entre 1936 et 2010. Dans une composition magistrale, n'apparaissent que des sujets noirs : la vie de classes pauvres, l'exode rural, l'inceste, les silences coupables de l'Eglise. "Del Arbol nous ébranle, nous dérange, nous interroge et nous passionne" (H.A., novembre 2023).
J'ai lu ce roman en apnée sur 2 jours de pluie incessante et les rares fois où je reprenais mon souffle, je puisais un réconfort dans leur Grande Maison, qui est pour moi une figurante centrale du roman. Cette imposante bâtisse de caractère a tremblé au rythme de nombreux malheurs mais devient le fil rouge de souvenirs auquel restent suspendus les protagonistes qui, d'esclaves dans la propriété en deviennent propriétaires. La Grande Maison relie cette famille maudite et la fin du roman la hisse au rang de gardienne salvatrice des fantômes.
A découvrir car auteur peu lu en France. 



 

5 mars 2024

Son odeur après la pluie de Cédric Sapin-Dufour

Ouaf, ouaf !
C'est une histoire d'amour, de vie et de mort entre un homme et son chien.
Je me réjouissais de lire ce roman qui promettait un bon moment comme ce fut le cas avec le magnifique récit d'Akira Mizubayashi, Melodie (ici), son retriever.

Or dès la 1ère page je fronce les sourcils : une phrase de 7 lignes, incompréhensible.

Page 25, j'essuie mes lunettes car j'ai dû relire plusieurs phrases obscures, alambiquées, interminables.
Je ferme le bouquin pour mettre fin à la torture de mes méninges. Tant pis, je ne connaîtrai même pas le patronyme du bouvier bernois .
Déçue.

 
chien

1 mars 2024

Les filles du chasseur d'ours d'Anneli Jordahl

"Soeurs et sueurs de Finlande".
"Ce qui les distinguait, c'était l'odeur. Une odeur âcre et tenace de sève de pin, de sueur et de sexe pas lavé".

7 soeurs qui partent vivre dans une forêt primitive au bout de la Finlande pour suivre les traces de leur père, célèbre chasseur d'ours, décédé. 

Elles vivent en marge dans la nature comme au temps des cavernes. Elles sont sales, non-éduquées, bagarreuses, illettrées, fumeuses et alcooliques. Elles dégagent une force magnétique qui accroche le lecteur, curieux de savoir jusqu'où elles tiendront le coup dans leur folie. Lutter contre la faim et le froid s'avère le plus difficile. A pied, elles se rendent deux fois par an à la foire pour vendre leurs peaux d'ours, de castor et de renard et gagner de quoi acheter, entre autres, des cigarettes, de la gnôle, de la poudre de fusil. Se frotter à la ville égratigne de manière inévitable leur mode de vie qui va chanceler. 

Dans ce merveilleux roman que j'ai adoré, l'autrice décortique la nature humaine dans une langue qui oscille entre grossièreté et volupté mais peut aussi être moulée dans des phrases scintillantes d'élégance pure.
Homérique.

nature, chasse, violence, pauvreté, ours, hiver

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