Dans la forêt de Jean Hegland
« Les nymphes des bois »
"Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt californienne. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules. Face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure" et au ruisseau qui coule en bas de la maison...
Ce roman, puissant et poétique, a fait accélérer mon pouls. J’étais totalement fascinée par le combat des 2 sœurs qui voulaient non seulement survivre, mais surtout vivre.
Pendant qu’Eva danse inlassablement, sans musique (!), Nell, la narratrice, compulse sans arrêt une encyclopédie trouvée dans la bibliothèque familiale.
Et quand toutes les réserves de nourriture seront épuisées, Nell ne quittera plus un autre livre, « les plantes indigènes », afin de pouvoir cueillir les plantes comestibles.
Adepte de confort food et de calmants forts au moindre bobo, les passages sur leur nouveau régime, essentiellement végétalien, ont piqué ma curiosité.
Ainsi elles composeront leurs menus de
- feuilles de betterave, sauge, oseille, matricaire, molène, pourpier, cresson…
- feuilles de pas-d’âne qui donnent du sel
- sève des érables pour sucrer des tisanes de menthe, d’églantier, de violette, d’ortie, d’aiguilles de pin…
Parfois souffrantes,
elles feront une décoction de racines de sisyrinchium , censée faire tomber la fièvre.
- La farine de gland moisi, comme antibiotique,
et le pavot de Californie, comme antidouleur, les soulageront de maux intempestifs.
Les deux sœurs vivent des situations extrêmes et iront au bout d’elles-mêmes.
Ecrit en 1996 sur le recul civilisationnel, ce roman d’anticipation nous rapproche de l’essentiel : la nature.
La fin, sublime, m’a hypnotisée !
Merci Violette ! Merci Brigitte !