Une nuit particulière de Grégoire Delacourt
"Les bêtes perdues se flairent".
Aurore, 55 ans, accoste un soir un inconnu, (ou plutôt un supposé inconnu comme nous l’apprendrons plus tard) pour en faire l’amant d’une nuit car son mari vient de lui envoyer un texto de rupture clair et cinglant « Fin ».
« Aimez-moi »…« Embrassez-moi » : quelles injonctions ! En temps normal, j’aurais abandonné cette lecture en cours de route car Aurore m’a agacée pendant toute la première partie (la moitié du roman quand même), sans doute à cause de mon côté vieux jeu. Trop d’exigence, trop d’audace, trop de liberté, je ne m’y retrouvais pas.
Cependant avant de rendre le livre à mon amie pour en discuter, j’ai tourné une page supplémentaire qui entame la seconde partie dont le narrateur est Simeone, l’inconnu qui « sentait la bergamote et la noix de muscade » à « la voix de ferraille », trouée et rayée. Et shame on me, Grégoire Delacourt m’a prise à la gorge et j’ai lu des pages sublimes jusqu’à la fin. L’attitude d’Aurore, décortiquée par Simeone, m’a terrassée d’émotion, de chagrin et de honte vis-à-vis de moi-même, car j’ai jugé cette femme à tort.
En filigrane, l’histoire de la mère de Simeone m’a fait pleurer….
Quel beau roman !
Et leur échappée à la mer en pleine nuit, inoubliable….