Mémoire de fille Annie Ernaux
Annie Ernaux pose cette question :
Quelle est la vérité de notre être ?
La superposition de nos différents âges, celui que l’on a aujourd’hui ?
Quel est le rapport entre nos différentes « personnes » ?
Celle de 57 qui s’abandonne au premier amant, qui la prend sans ménagement puis qui la néglige ensuite. Celle qui se comporte comme une presque p… pour retrouver ce statut vécu pourtant dans la douleur au regard de son éducation et en même temps dans un désir d’affranchissement mélangé à cette honte qui la suit
Volonté d’oubli d’une honte qui ne l’est plus au regard des nouvelles façons d’aborder la question féminine….
Et pourtant que d’écueils dressés sur la route de cette jeune normande, douée pour les études, fierté de ses parents épiciers qui la voient d’un bon œil entrer à l’école normale d’instituteurs, puis se désolent de la voir abandonner cette formation pour s’engager comme fille au pair en Angleterre ( déclassement social à leurs yeux )pour enfin s’inscrire en fac de lettres et militer et enfin écrire en 63 un premier texte qui sera refusé intitulé : « l’arbre »
La solution pour retrouver ces différentes personnes ; c’est l’écriture
Celle qui écrit dans son journal en 89 « je ne suis pas culturelle, il n’y a qu’une chose qui compte pour moi, saisir la vie, le temps, comprendre et jouir. » écrit p 144 : « Ce récit serait donc celui d’une traversée périlleuse jusqu’au port de l’écriture. Et, en définitive, ce n’est pas ce qui arrive, c’est ce qu’on fait de ce qui arrive. » et conclut « Explorer le gouffre entre l’effarante réalitéde ce qui arrive, au moment où ça arrive et l’étrange irréalité que revêt, des années après, ce qui est arrivé »
Anne Prono