Ma dévotion de Julia Kerninon
Décongélation d’une amitié homme/femme.
Quel bel ouvrage ! Julia Kerninon tricote les phrases avec aisance et élégance, que je rapprocherais du style d’Alice Ferney. « Buvard », publié en 2013, m’avait déjà beaucoup plu.
Dans un monologue sans ambages, Helen, octogénaire, nous raconte sa vie après avoir croisé par hasard Frank, à Londres, après 23 ans d’une ultime séparation, suite à un drame.
Enfants de diplomates, ils se sont connus à l’âge de 12 ans à l’ambassade britannique de Rome. Isolés des autres enfants, ils deviennent amis par défaut. Après leurs études secondaires, ils partent habiter, dans la même maison mais séparément, à Amsterdam, pour fuir leur famille qu’ils haïssaient, et on les approuve.
Helen, sérieuse et laborieuse, a vite trouvé sa voie dans l’édition mais Frank, fantaisiste, désinvolte et volage devient plus tardivement un peintre, mondialement reconnu par la suite. Julia Kerninon pointe comment un peintre débutant mais beau parleur (merci papa !), se voit couronné d’une aura et d’une cote invraisemblables grâce à quelques rencontres fructueuses.
Le lecteur vit la cohabitation singulière d’un homme et d’une femme. Pourquoi Helen a supporté, quitté, retrouvé puis quitté définitivement un homme qui ne sait que peindre et draguer ?
La réponse, en partie dans le titre, éclate en fin de roman…
J K = j’ai hâte de lire son prochain roman.