La patience des traces de Jeanne Benameur
Exil et réparation.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un roman d’une telle élégance.
A l’âge de la retraite, Simon, psychanalyste, divorcé, sans enfant, redécouvre un jour de rangement dans le grenier une pile de carnets de notes, porteurs des traces d’une écoute dans le secret de son cabinet. Ces outils de travail le laissent méditatif car il réalise qu’il s’est toujours tu, lui, et ne s’est jamais écouté. Le choix de sa profession n’est peut-être pas un hasard non plus, il le sait, car elle lui a permis toutes ces années de taire des vérités sur lui-même mais quand il casse le « bol bleu » qu’il sort tous les matins pour boire son café, c’est le déclic.
L’urgence est là, radicale : il lâche tout et décide de partir dans un pays où il ne lit pas ni ne comprend la langue. Cela lui octroiera le luxe dans son cas de revenir à l’état d’enfant et de se retrouver.
Ainsi arrivé sur l’île de Yaeyama, le lecteur accompagne Simon dans son cheminement vers une renaissance grâce à deux rencontres exceptionnelles et une nature paradisiaque. Il sortira de sa cage et le lecteur avec, rasséréné. En effet, le style de Jeanne Benameur, une prouesse de délicatesse, fait de ce roman
un havre de sérénité.
PS : Lauréate du Prix OUEST 2022, présidé cette année par Clara Dupont-Monod. D’autres prix vont suivre…