Jésus et Tito de Velibor Čolić
Adossée aux 3 TTT de télérama à la sortie de ce livre en 2010, je dis haut et fort qu’il faut lire Velibor Čolić que j’ai connu avec Manuel d’exil. (Kathel en parle ce mois).
Dans «Jésus et Tito » il décrit des scénettes, débordantes d’humour, de son enfance dorée yougoslave, son adolescence et sa vie de soldat sous le régime du vénéré Maréchal Tito, tout-puissant, qu’il ressuscite.
Outre une maîtrise parfaite de la langue française, Velibor Čolić perçoit le monde par son corps et plus précisément par son odorat - pas une page sans un vocabulaire d’odeurs, de parfums ou d’effluves – Il tient le lecteur par le bout du nez, jusqu’à la fin du roman.
En bouquet final, pour clôturer ce mois de mars, consacré à la littérature d’Europe de l’Est, grâce à Eva, Patrice et Goran, je vous propose de humer ces quelques phrases olfactives :
« Tanja, elle sent si bon. Quelque chose de sucré, la vanille et la mousse pour le bain
La grand-mère sent comme l’intérieur d’une armoire, un zeste de lavande, un peu de savon mais aussi le parfum mystérieux des particules pharmaceutiques déposées sur sa peau
La belle ville de Mostar sent la figue et le romarin, le miel d’acacia et le sucre bien caché dans la glace à la vanille
L’air est doux, pas de parfum de lavande ni de fleurs quelconques, il est juste agréable et propre.
Dans notre lycée, ça sent la sueur douçâtre, les chaussettes sales et les produits désinfectants.
Dans le bus je respire un mélange d’odeurs, un étrange bouquet fait de sueur, de sucre et de quelques gouttes d’urine.
La maison de Tanja, parfumée aux fines herbes séchées, jadis méridionales… »
Je pourrais poursuivre indéfiniment…
Ce roman inventaire est " Formidable ", " Exceptionnel " pour reprendre à mon compte les termes de feu l’éditeur P.O.L quand il parlait d’un texte qu’il aimait.