La ligne de nage de Julie Otsuka

La lumière aveuglante de la réalité terrestre.

Quand la narratrice nage dans sa ligne à la piscine municipale, tous les jours, elle se sent libre. Elle flotte, elle plane, elle plonge dans l’extase. « L’euphorie. Dans un bonheur qui vous ravit, telle une transe. Et si vous nagez assez longtemps, vous ne savez plus où finit votre corps et où commence l’eau, la frontière s’estompe entre vous et le monde. C’est le nirvana. »

Hélas la piscine, construite dans un souterrain, va fermer ses portes car une fissure doit être examinée de près et les nageurs « qui venaient pour se libérer du fardeau de là-haut » se désolent de rompre leur routine et de remonter à la surface.

C’est alors qu’apparaît une autre fissure, celle du cerveau d’Alice, mère de la narratrice atteinte de la maladie d’Alzheimer, qui deviendra elle aussi de plus en plus légère, sans plus aucun souvenirs, habitée d’absences et pour la première fois de sa vie, libre : « Vous atteindrez cet état d’esprit auquel aspirent tous ceux qui pratiquent la méditation pleine conscience– vous existerez entièrement, complètement dans l’instant présent » avant de flotter dans le brouillard du dernier voyage.

Un roman bouleversant de vérité, de pudeur et de regrets. Combien de fois ai-je interrompu ma lecture pour m’entendre dire « c’est tellement vrai ce qu’elle écrit !» et j’ai refermé le livre, avec beaucoup de questionnements sur les vagues de la vie.

Comments

[orfevre]

Quelle plongée dans les brumes de l'oubli. Ton billet donne vraiment envie de lire ce récit. En plus je ne connais pas cette autrice

Isabelle