Les pêcheurs de Chigozie Obioma

La destruction d’une famille nigériane.

Malgré l’interdiction stricte d’aller pêcher dans la rivière voisine, quatre frères profitent de l’absence de leur père pour se rendre au bord du fleuve interdit Omi-Ala. Ils y croisent Abulu, le fou, qui lance sur eux une terrible malédiction : l’aîné, Ike, mourra assassiné par l’un de ses frères. La prophétie bouleverse et hante la famille jusqu’au dénouement tragique.

Dès les premières pages, éblouie par la poésie en prose et saisie par la musique du langage, j’ai senti la supériorité de ce roman, mi-polar, mi-conte africain.

La langue anglaise de l’auteur, Nigérian, est irriguée de ses deux autres langues maternelles : le yoruba et l’igbo. Serge Chauvin, le traducteur français, a très bien capté cette écriture à trois temps, gorgée de métaphores qu’il me plaisait de lire et de relire.

Le ressort du roman, psychologique, se résume en peu de mots : comment une force extérieure, le fou, peut détruire l’intérieur de toute une famille ? La fin du roman m’a donné des frissons, que je ressens parfois en écoutant de la musique, mais rarement en lisant.