La mère morte de Blandine de Caunes.
« J’ai perdu le 1er avril ma fille unique et le 20 juin, ma mère unique. Maman est un mot qui a disparu de ma vie. Je ne le dirai plus et je ne l’entendrai plus. »
La fille de Benoîte Groult voulait seulement rapporter la déchéance physique et mentale de sa mère, cette grande dame que j’admirais et qui a fait du féminisme son oxygène, disparue en 2016, à 96 ans. Le destin a voulu que la même année, sa fille Violette, 36 ans, meurt dans un accident de voiture. Elle a dû insérer dans son récit la perte de son enfant unique.
L’autrice révèle que les prémices de la maladie d’Alzheimer de sa mère sont apparues début 2013. Pourtant, en mars 2013, je suis allée écouter Benoîte Groult présenter son ouvrage « Ainsi soit Olympe de Gouges » à la librairie Richer et j’avais été impressionnée par ce petit bout de femme en possession de tous ses moyens. Cependant en relisant sa dédicace, adressée à mon amie Elise, surgissent des questions à posteriori car Elise, « seule contre la Révolution française », j’en doute.
Je la vois encore, petit insecte fragile, conclure promptement à la question :
- « Avez-vous peur de la mort ? »
- « Non, car je suis sereine. Mes filles m’ont promis de respecter mon vœu de mourir dans la dignité et d’abréger volontairement ma vie si besoin ».
Son vœu sera respecté mais elle fut « enterrée vivante dans la maladie » pendant 3 ans car la décision ultime d’une injection létale ne se prend pas du jour au lendemain.
Sincère.