Sérotonine de Michel Houellebecq
Si vous connaissez plus déprimé que Houellebecq, faîtes-moi signe… On sait que c’est sa marque de fabrique. Mais alors là, il fait très fort. C’est l’histoire d’un mec, ingénieur agro, qui traine son mal de vivre. Il quitte Yuzu, jeune japonaise vénale aux mœurs libres, s’enferme et s’alcoolise dans une chambre d’un hôtel Mercure avant de rejoindre un copain de promo reclus dans son exploitation agricole déficitaire.
On avait parlé du dernier Houellebecq comme du roman sur la France rurale, du monde paysan asphyxié par l’Europe. Patience, patience… Il faut d’abord s’appesantir sur les problèmes sexuels de son héros, ses échecs sentimentaux, sa solitude, sa vie de M… avant d’en arriver là. Et après une scène épique et suicidaire de manif d’agriculteurs, on repart dans la spirale des antidépresseurs et de comment en finir avec cette vie-là…
Pas sûr d’avoir donné envie de se ruer sur ce dernier opus. Mais… tout de même il ne faut pas nier le talent d’écriture de l’auteur, ses phrases chocs où l’on est pris par surprise par tant de fulgurance. Toujours son regard extra lucide sur ce que nous sommes. Grand maître du cynisme, il ne peut que nous faire réagir. On lui en veut. On se révolte de tant de noirceur et de haine pour la vie. Mais c’est peut-être pour lui objectif atteint !
Isabelle