L'épuisement de Christian Bobin
Une pastille de jubilation.
« Je m’égare un peu,…. ».
L’écrivain parle de tout et de rien, comme dans un journal ; il égrène des pensées (1), des souvenirs (2), des évocations autobiographiques (3), des sensations (4), des goûts personnels (5), le tout en empruntant des chemins de traverse qui entraînent le lecteur hors du temps et de l’espace.
Le style, extrêmement savoureux et d’une grande pureté, évoque l’enfance : la grâce mêlée à la force des propos.
Quand je lis les écrits de Christian Bobin, sa voix, chaleureuse et aimante, m’accompagne et renforce le contact sensuel avec le livre. Lors d’entretiens, il ponctue souvent ses phrases d’un rire long, éclatant, ensoleillé. Inoubliable.
Enfin, j’aime beaucoup lire C. Bobin car il a un don : le chant des mots.
Une déclaration d’amour littéraire, oui.
mjo
(1) « Ce qui fait le désespoir de tant de couples, c’est un irrespect de la solitude native de l’autre.»
(2) « La plénitude silencieuse de mon père fumant une cigarette dans le retrait d’une cuisine m’a plus informé sur la vie que toutes morales sonores.»
(3) « Je ne suis jamais allé en Grèce ni en Italie. Je vois dans la première flaque d’eau venue – miroir de poche, icône enfantine – autant de miracles que dans ces terres gorgées de soleil et de peinture.»
(4) « Il n’y a que l’enfance sur cette terre. Je la reconnais d’instinct, même chez ceux qui ont cru l’étouffer sous le poids de leur vie morte.»
(5) « Lire pour se cultiver, c’est l’horreur. Lire pour rassembler son âme dans la perspective d’un nouvel élan, c’est la merveille.»