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Fumet de lectures
12 novembre 2015

Les Prépondérants - Hédi Kaddour

les prépondérants

C’est un roman d’aventures et un roman des passions -dixit Hédi Kaddour- avec une toile de fond politico historique des années 20. L’histoire débute à Nahbès, ville imaginaire d’un pays d’Afrique du Nord,  Tunisie ou  Maroc peu importe  car la question qui intéresse le narrateur est celle du protectorat.  Dans cette ville se côtoient les autochtones  et  les colons français. Ces derniers se réunissent au « Cercle des Prépondérants ». Ils se considèrent supérieurs,  se croient «beaucoup plus civilisés que tous ces indigènes»,  pensent avoir «le devoir de les diriger, pour très longtemps, car ils sont très lents ».

La première partie du roman qui en comporte trois s’intitule « le choc ». Elle s’ouvre avec Rania, fille d’un notable,  jeune veuve de guerre. Son mari est mort pour la France pendant la guerre 14/18. Elle dira : « je lui en veux d’être allé mourir pour un pays qui nous méprise ». Elle est plus indépendante et cultivée que la plupart des femmes de ce pays. Elle gère très bien la propriété que son père lui a confiée et résiste au colon qui tente de lui en prendre une partie. Elle est nationaliste, aspire à plus de liberté, elle a des désirs qu’elle n’exprime pas, prise dans le carcan de la tradition.

Une équipe américaine de cinéma arrive à Nabhès pour tourner un film et provoque un choc culturel. Leurs mœurs trop libres offusquent indigènes et colons.

Raouf, jeune bachelier cultivé, cousin de Rania, est chargé d'assurer au couple du réalisateur et de l'actrice principale "la meilleure hospitalité". Il est pris dans les élans nationalistes et révolutionnaires du début des années 20. Tout au long du roman il fait son éducation  à la fois sentimentale avec Katryn, femme du réalisateur, et  politique avec Ganthier  colon réactionnaire dont le père de Raouf dit « c’est le seul français que la domination n’ait pas rendu idiot. Apprends à lui tenir tête et ça te rendra fort. »

Bien d’autres personnages traversent ce roman :

-          Gabrielle Conti, une journaliste de Paris. Elle ne laisse pas indifférent Ganthier. Elle se charge de raconter à Rania tout se qui se dit au grand hôtel où vivent les américains le soir,  notamment l’affaire d’un cinéaste américain et de ses trois procès.

-           Belkhodja, marchand de tapis. Il  veut épouser la femme parfaite, il est cupide et prêt à tout pour sauver la face. Au règne de l’hypocrisie il est le roi.

La seconde partie « le grand voyage » nous entraine à Paris puis Berlin dans un contexte où l’ambigüité des relations franco-allemande est un signe précurseur de la prochaine guerre.

Dans une dernière partie « un an après », l’équipe américaine, Raouf et Gabriel se retrouvent à Nabhès. La projection d’un film pour les autochtones entraine des réactions surprenantes. Manifestation syndicale, invasion de sauterelles, la chute du roman est inattendue.

Beaucoup de questions sociales, politiques, existentielles dans ce récit, les échanges sont vifs.  L’arrière plan politico historique est très instructif. Entre autre on apprend qu’un projet de loi français qui ouvrait la voie de l’autonomie et de l’indépendance a été mis en échec par les prépondérants.

  Brigitte.

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