pleine terre de Corinne Royer
Un paysan en grande souffrance pour harcèlement administratif.
La terre s’arrête de tourner à la lecture de ce roman, inspiré d’une histoire vraie.
Jacques, travailleur et « engagé pour une approche saine de la terre et des bêtes » subira l’acharnement de l’administration et se verra dans la nécessité de fuir sa ferme pour une cavale dans les bois qui durera 9 jours puisque les gendarmes le pourchassent comme un criminel pour une raison complètement débile : il lui est reproché de ne pas avoir envoyé les tests génétiques de ses veaux qui prouvent qu’ils étaient bien nés de ses propres vaches. Or si ses animaux ne sont pas identifiés auprès de la direction départementale, on bloque le troupeau et il ne peut plus vendre ses bêtes et donc il se retrouve sans ressources.
« Au nom de la traçabilité, on lui reprochait des vaches non identifiées. Dans un même temps, certains supermarchés vantaient les productions locales au rayon boucherie alors que la viande fraîche venait d’Irlande et la viande surgelée d’un pays trop lointain pour que je m’en souvienne. »
Jacques est convaincu qu’il est « plus délicat et infiniment plus risqué de s’attaquer aux dérives des grands groupes industriels que de sanctionner un petit paysan parce qu’il n’avait pas déclaré dans les délais les naissances de ses veaux ».
Le sang de mes veines s’est peu à peu mis à couler de plus en plus vite au fil des pages et je ressors de cette lecture dégoûtée car au-delà du fait que le système est excessif, il est dicté par des fonctionnaires aux «fesses bien calées sur leur fauteuil » ; Corinne Royer pointe aussi le dédain des inspecteurs et des gendarmes à l’encontre du monde paysan qui a toutes les raisons de s’effondrer au vue des tragédies qui se jouent dans nos campagnes.
Un livre politique indispensable.
Une vache limousine avec un numéro d'identification national, à placer avant les 20 jours du veau