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Fumet de lectures
22 avril 2017

L'art presque perdu de ne rien faire de Dany Laferrière

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Eloge de la lenteur..
« La nonchalance est une affaire de connaisseur. « J’étais devenu un spécialiste mondial de la sieste » révèle Dany Laferrière dès le début de son livre. Cela n’interdit pas de lire et de réfléchir – la sieste y est, au contraire, propice. Elle permet aux pensées de jaillir, s’attachant aux petites et aux grandes choses, aux rêves et aux lectures… »

La prise de parole de  Dany Laferrière au festival littéraire de Savennières "Terres à vins, Terres à livres", en septembre 2016, demeure pour moi un moment inoubliable. Ce grand monsieur noir, à la voix grave et mélodieuse, m’est apparu crépitant d’humour, brillant, chaleureux, captivant.

Et j’aurais voulu lire encore des milliers de pages de ce manuel de savoir-vivre littéraire réjouissant, émaillé de divagations personnelles, politiques, philosophies et politiques !

Dany Laferrière assène qu’on peut voir le monde autrement, par la lenteur, la contemplation et que l’on peut tout changer à partir d’une nouvelle posture ; ralentir le temps, c’est être dans la vie ; le temps présent est un trésor, il faut l’habiter et ne pas oublier de s’émerveiller, cette joie première et primitive de l’enfance.

Il brandit la frénésie insatiable des politiques, toujours pressés, et j’ai pensé à un billet de Patrice qui citait JacquesDelors dont la prise de recul incontournable rendait fou ses collaborateurs :

Je cite :

"J’ai également beaucoup apprécié sa prise de recul, sa volonté de travailler à fond les dossiers, que résume très bien la citation suivante" :
« Pour regarder la Terre sans penser au ciel, il faut se donner des moments de pause et de réflexion, face à soi-même et face aux événements. Toute rapidité doit être exclue, sauf évidemment face à la chute du mur de Berlin. Là, je n’ai pas hésité. Mais le reste du temps, il faut se poser. Quand j’étais à Bruxelles, je gardais une heure et demie par jour pour lire des livres d’histoire, de sociologie et de sciences politiques. Cela rendait fous mes collaborateurs. »

Cet essai est irrigué d’énergie, terme qui revient souvent sous la plume de Dany Laferrière :

- « La différence d’énergie qu’il y a entre une voix de 9 h du matin au bureau et une voix de 3 h du matin au lit »
- L’énergie des éclats de rire et la joie d’être de jeunes filles entendues dans le métro
- L’énergie que procure une sieste, « une courtoisie que nous faisons à notre corps »
- « Le poème qui diffuse dans l’air une énergie… »
- « l’énergie accumulée durant tout l’hiver et qu’on balance dans les rues en été »
- « ce qui importe c’est l’énergie qui passe du livre au lecteur »

Quelle vitalité contagieuse… et vive la sieste !

mjo

bisIMG_2630 à Savennières, le 23/9/16

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