N'être personne de Gaëlle Obiégly
Pensées sur papier hygiénique.
Difficile de parler d’un livre qui a pour titre n’être personne et dont l’auteur nous informe que « quand j’écris, je ne m’adresse à personne, je parle avec l’inconnu, auquel je ne dis rien ».
Hôtesse d’accueil accidentellement enfermée un week-end entier dans les wc de son entreprise, la narratrice va endurer cette épreuve avec les moyens du bord en improvisant un cabinet d’écriture.
Le récit refuse un personnage, une intrigue ou une problématique, en l’occurrence comment survivre enfermée 48 h dans des toilettes. Le lecteur découvrira la voix singulière de Gaëlle Obiégly qui se livre à des pensées et des considérations insolites sur sa vie, dans une temporalité qui s’écoule sans montre, sans fenêtre, dans un lieu exigu et vide.
« Le genre de mes livres : ils ressemblent à des patchworks… mes livres sont fragmentés, ils ont l’air d’être faits de bric et de broc. Je suis ma pensée… La pensée c’est inclassable, c’est imparfait, autonome, ça n’entre pas dans un genre ».
J’ai dévoré n’être personne, au style tantôt fluide, tantôt rugueux, tant est si bien que les marque-pages que je déposais, pour relecture, au fur et mesure que je tournais les pages, ont doublé le volume du livre !
J’ai rarement lu une attention aussi poussée à l’autre et au monde en général, rendue par des réflexions d’une grande finesse.
« Ecrire sur, ça écrase. Ecrire entre, c’est mieux »
Magnifique découverte !
mjo