La succession de Jean-Paul Dubois
Noir, c’est noir.
Le livre démarre bien et je retrouvais le beau brin de plume de J. P. Dubois, riche de phrases surprenantes et séduisantes. Cependant, si je n’avais pas lu avec allégresse les précédents romans de cet auteur, je lâchais « la succession » en plein milieu du livre au chapitre « la grande grève » qui n’est à mon goût que du remplissage.
La seconde moitié du roman prouve « qu’il n’est point de secret que le temps ne révèle. » (Racine)
En effet, le narrateur découvre deux carnets noirs qui dévoilent la personnalité profonde de son père et son secret, lourd et grave.
Jean-Paul Dubois, dans un style maîtrisé, palpe les mots comme un bon médecin palpe ses patients et trouve ainsi la bonne distance avec la mort par suicide, en bruit de fond permanent, mais pas que… Bouleversant !
La réussite de ce livre tient aussi dans le fait qu’aussitôt lu, il continue de galoper dans notre tête.
« Un jour, tu finiras par prendre ma succession », lui avait dit son père dans un dernier message daté de 1983. Quatre ans plus tard, celui-ci est retrouvé écrasé, au pied d'un immeuble de huit étages, le visage emmailloté de ruban adhésif, mâchoire et lunettes scotchées serré, comme s'il avait voulu voir jusqu'à l'ultime instant. Et ne pas crier. Cette image à la Jérôme Bosch, grotesque et effrayante, est au centre du nouveau roman de Jean-Paul Dubois, elle l'irradie, masque hideux de la mort, « masque de pitre, de piètre père ». On rit pourtant aux aventures de ce énième avatar de l'auteur, le Toulousain Paul Katrakilis, médecin comme son père et son grand-père, réfugié à Miami où il vend, pas très cher, ses talents de joueur de pelote basque à une boîte de paris sportifs. Michel Abescat – Télérama
La phrase, pas la plus belle, mais d’actualité :
« Dans mon cabinet s’entassaient les victimes de l’épidémie de la grippe hivernale, le Noël des fabricants de paracétamol ».
Joyeux Noël !
mjo