Une vie à coucher dehors de Sylvain Tesson

 

Un goût amer de l’humain.
« En Sibérie, dans les glens écossais, les criques de l’Egée ou les montagnes de Géorgie, les héros de ces quinze nouvelles ne devraient jamais oublier que les lois du destin et les forces de la nature sont plus puissantes que les désirs et les espérances. Rien ne sert à l’homme de trop s’agiter dans la toile de l’existence, car la vie, même quand elle ne commence pas très bien, finit toujours mal. » Sylvain Tesson

Je savais qu’en ouvrant un livre de S.T. je ne m’ennuierais pas car depuis « Dans les forêts de Sibérie » (2011), je voue une admiration sans bornes à cet écrivain.

Le style, une marqueterie très fine, me harponne à toutes les pages, c’est magnifiquement composé et une fois encore, la force de la langue écrite devient plus importante que les terrifiantes histoires de ces nouvelles.

En 2009, j’aurais peut-être épinglé « Je crois aux miracles, je suis un optimiste de la volonté » (p 122) mais en 2015, la perception de nos lectures a changé, et « nous vivons dans l’imminence du pire » (p 126) sonne aujourd’hui comme un écho implacable à notre malheur national.

J’ajoute que la chute des nouvelles, brutale et expéditive, tourne autour d’une citation de Chateaubriand :

« Nous n’avons à nous que la minute présente, celle qui suit est à Dieu »

mjo

!!!!!

« Un nom à coucher dehors »:
Au Moyen Âge et jusqu’au début du XIXe siècle, le patronyme reflétait presque toujours le rang social.
De fait, il servait aux aubergistes à classer leurs clients. Ceux qui avaient un nom indiquant l’appartenance de son titulaire à la noblesse ou à une fonction sociale importante étaient placés en tête de liste, les autres à la suite.Lorsque la capacité d’accueil du lieu était dépassée, les derniers de la liste n’étaient pas accueillis ; ils devaient dormir dehors ou aux écuries.
« Une vie à coucher dehors » ? Des vies peu enviables traversent les nouvelles, d’où peut-être le choix du titre de Sylvain Tesson.

(Prix Goncourt de la nouvelle -2009)