La nuit de Mariztburg - Gilbert Sinoue

En juin 1893 Gandhi, jeune avocat se rend en Afrique du Sud pour défendre les intérêts d’une société indienne. Installé en première classe il est sorti manu militari du train qui le conduit à Prétoria. Victime de ségrégation raciale il passera la nuit dans le hall de la gare de Maritzburg. Cet affront marquerait le tournant décisif de son combat car, dès lors, il n’aura de cesse de lutter contre les discriminations raciales par une résistance passive et non violente.

Le lecteur reconnait dans ce récit jalonné de faits historiques la lutte acharnée de cette figure charismatique, douée d’un caractère volontaire, inébranlable face aux autorités. Mais Il découvre aussi avec stupéfaction la face cachée de Gandhi, ses côtés moins reluisants. Ainsi,  à partir de sa rencontre avec Hermann Kallenbach en 1904, de leur amitié très fusionnelle qui durera plus de 20 ans -qui fera dire dans les lettres authentiques que le Mahatma lui adresse « ton corps me manque »- l’auteur dresse un portrait contrasté par la voix même de son ami. Ce brillant architecte, juif allemand, qui aime le luxe, dépense sans compter, va tomber sous son emprise, se conformer à son mode de vie, laisser sa carrière et s’engager dans une relation hors du commun.

Dans l’ombre de la grande Ame se profile alors un homme à la sexualité ambigüe, despotique, qui impose aux siens un ascétisme dans tous les domaines, dissuade son fils de faire des études...

On a les qualités de ses défauts dit-on ! Dans le cas présent c’est édifiant.  

On ne peut toutefois que rester admiratif de sa lutte et des nombreuses lois qu’il a fait abolir en Afrique du Sud, de son combat pour l’indépendance de l’Inde.

Un roman qui laisse des traces.

Brigitte.